C'est ça ou Charlton Heston

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(Première publication sur sknob’s other posterous)

Nous vivons un moment d’une rare absurdité.

Rappel des épisodes précédents :

  • En 2008, les états nationalisent la dette des banques privées pour les sauver
  • En 2010, les Banksters se retournent contre les états, jugés surendettés
  • En 2012, on demande aux citoyens d’éponger ces dettes en imposant des mesures d’austérité drastiques

Passons un instant sur le fait que cette situation est moralement des plus douteuses. Et sur le fait qu’il semble que toutes les parties-prenantes soient frappées d’amnésie.

Car enfin que diable, soyons réalistes, soyons responsables. L’injustice est certes patente, mais c’est comme ça, faut faire avec. Et puis après tout, c’est le résultat qui compte. Il faudra faire des efforts, mais une fois l’amère pilule avalée et digérée, ça ira mieux. Tout le monde à intérêt à ce que nos comptes soient assainis, n’est-ce pas ?

Cet argument serait, à l’extrême limite, recevable, si ce n’est que dans un magnifique exemple de boucle de rétroaction positive, il sautera aux yeux de l’observateur le plus blasé ou étourdi que plus ces mesures sont appliquées, plus le mal qu’elles sont censées guérir s’aggrave.


Alors certes, certains leaders européens, dont le notre, fraîchement élu, ont noté ce détail quelque peu vexant.

Remettent-ils pour autant en question cette politique absurde, scandaleuse et contre-productive ?

Que Nenni !

Ils proposent que les efforts soient justement répartis, et qu’ils soient compensés par une pilule magique : la croissance.

Peu importe que la croissance, comme les licornes arc-en-ciel aux cils de réglisse, à la crinière en barbapapa et qui chient des M&M’s, est une chimère dont on n’a plus vu la couleur depuis des décennies.

Peu importe, non plus, que la croissance, si croissance à la sauce occidentale il y avait, est insoutenable, puisque le sein auquel elle se nourrit, le petrole, est pratiquement tari, et que nous avons épuisé à peu près toutes les autres ressources naturelles de la planète (en un temps record, saluons la performance).

Oui peu importe. Soyons austères (ça on sait faire) et croissants (on verra comment on fera, avec les dents peut-être). Youpi !

(On notera au passage que la commission européenne, se félicitant sans doute du niveau record du chômage en Europe, s’insurge contre cette idée de croissance, non pas en raison de sa nature chimérique, mais parce qu’il faut d’abord qu’on finisse de se suicider, bordel.)

Pourtant, les solutions pour sortir de ce merdier ne manquent pas. Elles pullulent. Il suffit de se baisser pour en attraper des poignées entières. Il y en a de toutes les formes et de toutes les couleurs, dans tous les pays. Si on ne fait pas gaffe, on trébuche sur l’une et on se fracasse la gueule sur l’autre.

Alors une question s’impose : pourquoi cette obstination suicidaire ?

À droite, pas de mystère. Il faut privatiser l’état providence, émasculer les corps intermédiaires et les salariés, et s’en mettre plein les fouilles au passage. Simple. Efficace. Et si tout pète, on aura de quoi se construire de luxueux bunkers et se payer les services de Charlton Heston pour nous protéger des hordes de zombies qui arpenteront les rues la nuit.

Chez les sociaux-démocrates, l’explication reste plus mystérieuse. Ont-ils achevé d’intégrer les préceptes de la révolution néolibérale pensée par tonton Milton et mise en œuvre par Ronnie et Maggie (en d’autres termes, sont-ils de droite) ? Ou sont-ils tellement formatés (et confortables) qu’ils ne perçoivent pas l’urgence et/ou ne sont pas capables de sortir de cette mécanique mortifère dont ils maîtrisent les rouages à la perfection ?

Comment vous l’expliquez, vous ?

Mais en attendant, votez quand même pour eux aux législatives, hein. Ne faites pas les cons !

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