Nicolas Sarkozy tenait parfois des discours à l’opposé de ses actes (Toulon). Il serait tentant de faire le même procès à ce pauvre François Hollande.
Et si c’était faux ?
Hollande s’enflamme souvent contre l’austérité, et prône une politique de croissance en Europe, pour finalement, appliquer des mesures qui sont difficiles à distinguer de celles de la droite et d’autres gouvernements sociaux-démocrates (sociaux-libéraux diront les gauchistes langue de pute) européens.
Alors, contradiction ?
En regardant Hollande à la télé l’autre soir, je crois que j’ai compris un truc qui m’avait échappé jusqu’alors. Je crois que Hollande est sincère. J’ai eu la nette impression qu’il pense vraiment que le simple fait de critiquer l’austérité le place, dans son esprit et dans celui de ses courtisans, dans le camp des révolutionnaires, des anti TINA.
Certes, il vote pour le traité Merkozy, pratique une politique de l’offre, met en place le pacte de compétitivité sans contreparties, valide un budget européen en baisse, prône un assouplissement du droit des salariés, la suppression de normes (faudra s’habituer au cheval dans les cornflakes), en espérant que les entreprises joueront le jeu et résorberont le chômage si un jour la croissance revient.
Oui, mais il est contre l’austérité ! Il ne va pas aussi loin que les Grecs ou les Italiens ou les Espagnols ou les Portugais ou les Irlandais ou même les Anglais. Et effectivement, je vous le concède bien volontiers, cela lui vaut des procès en bolchévisme, notamment dans la presse anglo-saxonne.
Le chômage augmente ? Les CDI sont en voie d’extinction ? Et ceux qui ont un emploi vivent dans la crainte de le perdre ?
« Oui mais les mecs, arrêtez de geindre, ça pourrait être pire. Je suis contre l’austérité quand même, ce n’est pas rien » semble-t-il nous dire. Avec bonhomie, avec le sourire, avec humour, parce qu’il faut bien le reconnaître, Hollande est autrement plus sympathique que son prédécesseur. Il a la réputation d’être drôle, même.
Je me faisais ces réflexions ce matin en buvant mon café, quand j’ai été saisi d’un étrange sentiment de déjà vu. Et soudain, je me suis souvenu de ce qualificatif inspiré, de cette trouvaille géniale de Christine Lagarde quand elle était ministre de l’économie :
La ri-lance (contraction de rigueur et relance).
Je sais, l’agilité de mon esprit vous impressionne, et pourtant, je ne me suis pas arrêté en si bon chemin, car je vous le dis en toute modestie, s’en est suivie une deuxième fulgurance. Et si, pour ne pas sombrer dans le tous-pareil, le tous-pourris, lit de tous les extrémismes populistes qui parlent trop fort, on adoptait une nouvelle expression pour qualifier la politique du gouvernement, qui rendrait à César (Mme. Lagarde) ce qui lui revient (soyons fair-play), et qui prendrait en compte la singularité de l’approche de François Hollande ?
J’ai nommé : la rigolance.